Communication TRICALS sur l’AMX0035
Tricals est le plus grand consortium européen dont l’objectif est de trouver un traitement pour soigner la SLA.
Nous transmettons une communication Tricals concernant l’AMX0035 et l’étude Phoenix à laquelle participent 9 Centres SLA : Tours, Lille, Limoges, Marseille, Montpellier, Nice, Paris, Lyon et Clermont-Ferrand.
« La Food and Drug Administration (FDA) approuve la commercialisation de l’AMX0035 (Amylyx) pour le marché américain.
Au cours de la réunion de la commission consultative sur les médicaments des pathologies du système nerveux central et périphérique (PCNSDAC) qui s’est tenue le 29/09/2022, la FDA a approuvé la commercialisation aux USA de la molécule AMX0035 développée par le laboratoire AMYLYX sous le nom de RELYVRIO. Cette autorisation est temporaire puisqu’elle est conditionnée par les résultats de l’étude en cours PHOENIX avant d’être définitive.
Cela permet donc aux patients atteints de SLA vivant aux USA de bénéficier de ce traitement dès maintenant.
Qu’est-ce que cela va changer pour les patients atteints de SLA en Europe ?
Quelle est la signification et quel impact pour les patients en Europe ?
Relyvrio fait actuellement l’objet d’une étude de phase 3 en Europe, l’essai PHOENIX. Cette étude reste indispensable pour évaluer parfaitement l’efficacité de cette molécule : en effet, les résultats des études précédentes et notamment de la phase 2 CENTAUR, n’ont pas apporté à l’agence européenne du médicament l’EMA , des éléments suffisant solides d’un point de vus scientifique en faveur d’une efficacité indiscutable du Relyvrio.
Bien que l’agence du médicament américaine, la FDA ait approuvé la mise sur le marché de l’AMX0035, celle-ci partage néanmoins la position des agences européennes car, comme nous l’avons déjà souligné, cette approbation reste conditionnée aux résultats de l’étude PHOENIX en cours en Europe. Les résultats de PHOENIX conduiront à une autorisation définitive si cette étude confirme les résultats de la phase 2, CENTAUR.
Bien que cela puisse paraître injuste de restreindre l’accès de cette molécule aux patients participant à l’essai PHOENIX en Europe alors que l’accès est plus simple aux USA, nous considérons qu’il est important de mener PHOENIX jusqu’à son terme en Europe pour démontrer que l’AMX0035 a une réelle efficacité dans la SLA. Ceci n’aurait pas été possible si la position prise aux USA avait été suivie en Europe.
Quelles différences entre une étude de phase 2 et une étude de phase 3 ?
Une étude de phase 2 se distingue d’une étude de phase 3 sur de nombreux points sont notamment un plus grand nombre de patients inclus et une durée plus longue d’observation de l’effet du traitement sur la maladie.
L’inclusion d’un plus grand nombre de patients traités pendant une durée plus longue, donnera plus de valeur scientifique aux résultats d’efficacité de tolérance de la molécule étudiée.
L’histoire des essais thérapeutiques dans la SLA conduit à la plus grande prudence car de très nombreux résultats positifs observés lors des études de phase 2 n’ont jamais été confirmés lors des phases 3 ; ceci a conduit à considérer les résultats positifs de la phase 2 comme de « faux-positifs »
Classiquement, la FDA tout comme l’agence européenne l’EMA fondent leurs décisions sur les résultats de la phase 3. Amylyx a soumis une demande auprès de ces agences pour obtenir un accord d’accès précoce sur les bases de la phase 2 ce qui est inhabituel. La décision de la FDA a été dans un premier temps ajourné lors du dépôt du dossier en début d’année avant d’être approuvé en septembre. Une demande similaire a été déposée auprès de l’EMA mais la possibilité de prescription en Europe n’est pas possible sans l’accord de l’EMA.
Quel impact pour les patients vivant en Europe?
Les patients vivants en Europe pourraient envisager d’accéder à cette molécule en l’obtenant à partir des USA. Il faut savoir que Relyvrio ne peut être prescrit que par un médecin exerçant aux USA pour des patients vivants aux USA. Dans les pays où Relyvrio n’est pas commercialisé, les médecins ne peuvent pas le prescrire.
Il faut enfin souligner que nous ne savons rien à ce jour sur les modalités de prise en charge financière et de remboursement du traitement par les systèmes de santé et/ou les compagnies d’assurance et quelle part du prix du traitement reste à la charge des patients. Il faut enfin garder à l’esprit que dans de nombreux pays, le traitement ne sera pas pris en charge par les organismes de santé et les compagnies d’assurance.
L’essai PHOENIX :
L’étude PHOENIX va étudier l’effet de l’AMX0035 dans la SLA en comparant l’évolution d’un groupe traité par cette molécule comparativement à un groupe recevant un placebo. Cette étude se déroule selon un protocole en double aveugle, car ni le médecin qui suit le patient ni le patient ne sauront dans quel groupe ils sont inclus (traités ou placebo). A partir d’une évaluation régulière clinique et sur des données d’examens complémentaires, il sera possible de déterminer si le groupe traité évolue plus favorablement que le groupe placebo.
A cette phase en double aveugle, une phase d’extension en ouvert dans laquelle tous les patients recevront à la fin de la période d’étude l’AMX0035 continuera l’essai.
Les résultats de la phase 3 sont nécessaires pour montrer un effet positif indiscutable du Relyvrio dans la SLA. Si l’EMA décidait de façon inattendue de statuer sans attendre les résultats de la phase 3 et uniquement sur ceux de l’étude de phase 2 CENTAUR, cela ne signifierait pas pour autant que l’AMX0035 serait autorisé en Europe. Il faut avant la commercialisation obtenir l’accord et le taux de remboursement par les agences de santé nationales et les compagnies d’assurance. Il est classique de constater que les agences de santé basent leur décision de remboursement sur les résultats de la phase 3.
Comment agit l’AMX0035?
L’AMX0035 est la combinaison de deux molécules : le phenylbutyrate de sodium et l’acide tauroursodesoxycholiques (TUDCA). Les substances actives de ces deux drogues vont potentialiser l’effet de l’autre molécule pour améliorer son impact sur le « carburateur des cellules », la mitochondrie. Ceci va réduire les effets délétères du stress oxydant sur les neurones moteurs. En agissant de cette manière, l’AMX0035 réduit la perte en motoneurones et préservera leurs fonctions.
Les résultats obtenus lors de la phase 2 ont montré un effet sur la progression de la maladie objectivée à partir de la pente de progression de l’ALSFRS-r : cette échelle utilisée dans tous les essais cliniques mesure le handicap lié à la SLA. Lors de l’étude CENTAURE l’effet observé par l’analyse de l’ALSFRS-r n’a pas été observé sur les autres critères de l’étude dont la force musculaire et les capacités respiratoires.
Il faut rappeler que les résultats obtenus dans l’étude CENTAUR l’ont été sur un faible effectif ce qui ne permet pas d’exclure que ces résultats puissent être fortuits.
Les résultats de la phase 2 doivent donc être pris avec retenue et l’étude de phase 3 en cours est nécessaire pour lever toutes les incertitudes. La phase 3 va permettre de déterminer si les effets mesurés lors de la phase 2 sont vraiment dus à la molécule.
Déclaration du Groupe TRICALS
Nous sommes tout à fait conscients du désarroi que peuvent ressentir les patients ayant une SLA de constater qu’une molécule puisse être autorisée aux USA et pas en Europe. L’AMX0035 est une molécule porteuse d’espoir pour tout la communauté médicale et pour les patients. Pourtant, nous devons attendre les résultats définitifs de la phase 3 avant de pouvoir être catégorique sur son efficacité. Ce n’est qu’à partir des conclusions faites à partir d’un large effectif de patients que nous pourrons avoir une position ferme et définitive.
Nous demandons donc aux patients de continuer à soutenir l’essai PHOENIX en y participant. C’est actuellement la seule façon de garantir que le médicament – s’il est évalué positivement – sera également disponible sur le marché européen et qu’il sera remboursé par l’assurance maladie. En outre, la phase ouverte permettra aux participants d’avoir rapidement accès à la substance active après avoir participé à l’essai.
La position de TRICALS pour poursuivre l’essai PHOENIX ne déroge pas à son engagement d’apporter aux patients souffrant d’une SLA les meilleurs traitements possibles dans les délais les plus courts. »